Sunday, June 28, 2015

Une nouvelle guerre de Trente Ans ?
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, on parle de plus en plus de guerre mondiale  sinon de croisade  contre le terrorisme islamiste.  Et depuis le déclenchement des guerres civiles en Irak et en Syrie on prédit  qu’elles seront plus longues que la guerre de quinze ans au Liban. Peut-on faire un parallèle entre ces conflits   et la guerre de Trente Ans qui ravagea l’Allemagne  au début du XVIIe siècle ?   Peut – on vaincre  une idéologie politico – religieuse  millénariste encore plus mobilisatrice que  le communisme  et le nazisme par de  seuls  bombardements  aériens, surtout américains ?  Quels sont les défis que posent l’islamisme radical au monde musulman  et à  l’Europe ? Avant d’aborder ces  questions  je me propose de parler du phénomène du « retour du religieux » qui est à l’origine de  cette  violence.  
Les méfaits du « retour du religieux ».  
Censées favoriser la paix, les religions  sont pourtant devenues l’un des leviers de guerre les plus puissants.  C’est surtout le cas des religions monothéistes  dont l’histoire est entachée de multiples exemples d’intolérance et de fanatisme. Alors que dans l’Antiquité, nul État conquérant ne nourrissait la prétention de convertir de gré ou de force à ses dieux les peuples qu’il subjuguait. Et qu’Hadrien avait bâti à Rome  le Panthéon, temple de tous les dieux   
 « Le XXIe  siècle sera religieux ou ne sera pas », prophétisait Malraux. Il a eu  raison contre Nietzche qui avait prononcé la mort de Dieu. Ou  contre Max Weber, qui fit  de l’histoire de l’Occident moderne celle du « désenchantement du monde », de la sortie du monde magique de la religion. Alors  qu’il y a trente ans à  peine la   religion semblait être  en déclin  ou  reléguée  à la sphère  privée  on observe une tendance inverse.  Sauf que cette « revanche de Dieu   » selon l’expression de Gilles Kepel,  reflète moins un regain de foi que des crispations  identitaires  parfois meurtrières,  une  instrumentalisation  politique  de la   religion  et   une recrudescence des conflits  civils  ou interétatiques à  caractère ethnico-religieux 
C’est  au sein de l’islam  que le retour du religieux  revêt une forme aussi violente, avec la résurgence du clivage vieux de quatorze siècles  entre chiites   et sunnites, et les conflits meurtriers  dont le Moyen-Orient et l’Afrique  sont le  théâtre. Alors que le processus de sécularisation  entamé  par les régimes  arabes laïcs  semblait irréversible, des  mouvements islamistes comme les Frères musulmans et les salafistes  prônant  le retour à la charia ont le vent en poupe.    Certes ils se sont avérés  ont incapables d’apporter une solution aux problèmes économiques et sociaux des  pays ou ils ont  pris le  pouvoir  comme en Egypte et en Tunisie.    Mais  du moins ont- ils  ont largement réussi  à islamiser la société par le bas.   La  remise en cause de la  révolution du dévoilement  des femmes  constituant une des manifestations  les plus visibles de   cette  régression  socioculturelle.  Comme dans le monde arabe,  la réislamisation avance à grand pas en Turquie  dont la politique étrangère est de plus en plus panislamiste.
En Occident   la déchristianisation  et la crise des valeurs ont entrainé la montée des fondamentalismes catholiques et protestants. Et le même phénomène  s’observe au sein de l’orthodoxie et du judaïsme. Mais  qui a-t-il de commun entre  un zélateur de Mgr. Lefebvre ou un intégriste protestant qui prône une lecture littérale de la Bible et nie la théorie darwinienne  de l’évolution et un kamikaze jihadiste ?   Alors que  les  Occidentaux  ne sont plus prêts à  se battre et  à mourir pour leur foi,  le fanatisme  millénariste des jihadistes frise le nihilisme.     
Les   atrocités commises par  Daesh, Boko Haram et Al Qaeda  ont favorisé  l’amalgame entre islam,  intolérance et obscurantisme.   Tandis que les attentats islamistes en Europe ont favorisé la montée de l’extrême droite et  l’islamophobie.   Il existe en Europe une   réelle peur de l’islam, lequel  formerait,  selon les termes utilisés par Toynbee   à  propos des invasions barbares de l’Empire romain, un  « prolétariat intérieur » et un « prolétariat extérieur » frappant aux portes du vieux continent à la démographie en berne et menaçant sa civilisation. Jouant  sur cette peur de la menace musulmane  Michel Houelbeck décrit  dans son roman-fiction «  Soumission » une France gouvernée par un parti musulman en 2022. Et dans « Le suicide français », Eric Zeimour, analyse  la perte de valeurs qui, selon lui, caractérise la France depuis mai 68, et dénonce  le communautarisme et l’action corrosive de l’immigration musulmane sur le modèle de laïcité républicaine.
Sur un autre plan  la montée de l’islamisme politique  semble  confirmer  l’idée que  pouvoir politique  et  religion sont décidemment inséparables  dans l’islam. On  oublie  cependant   que pendant des siècles l’Europe chrétienne a connu une alliance indissoluble entre le trône et l’autel.  Le Moyen Âge fut émaillé de luttes d’influence entre les souverains et la papauté  pour qui le pouvoir spirituel devait avoir la primauté sur le pouvoir temporel. Jusqu’au XIXe siècle les  hommes de religion y eurent infiniment plus d’influence politique  que dans le  monde musulman,   où  il n’existe ni Eglise  ni papauté. C’est surtout le cas de l’islam sunnite alors que le clergé chiite est beaucoup plus structuré et hiérarchisé. 
Si l’Église catholique se consacre désormais essentiellement à sa mission spirituelle  et morale,  les papes de la Renaissance comme   Jules II et  Alexandre VI  furent aussi des chefs politiques et de guerre. C’est   le cas aujourd’hui  de  certains  clercs chiites  tels  Moktda el Sadr ou Hassan Nasrallah.   De ce point de vue ils  sont d’avantage en accord avec l’enseignement et l’exemple de Mahomet  qui fut aussi un chef politique et de guerre que les chrétiens avec celui du Christ. Lequel,   prenant le contre-pied du Dieu vengeur de l’Ancien Testament,  se fit l’apôtre de la non-violence. Et qui, en enjoignant ses disciples de «  rendre à César ce qui est à César, et à Dieu,   ce qui est à Dieu »,  avait clairement établi une distinction entre le politique et le religieux.
L’islam et la chrétienté ont   suivi des trajectoires inverses en termes  de tolérance religieuse. Comme en témoigne l’Inquisition, les pogroms anti-juifs et l’expulsion des musulmans et des juifs d’Espagne. Ces derniers trouvant d’ailleurs refuge au Maroc et dans l’Empire ottoman. Pour Arnold  Toynbee.  « Le plus  grand désastre qui soit arrivée à la chrétienté a peut- être été la conversion de Constantin au christianisme et, par la suite,   l’immixtion,  de César dans les affaires de Dieu, et de l’Église de Dieu dans les affaires de César. Le second désastre a été la transformation de l’Église, qui de persécutée pour le Christ, a persécuté au nom du Christ ».
Ne peut- on pas  aussi affirmer que  deux des  plus grands désastres qui soient arrivés  à l’islam contemporain ont peut être  été la découverte du pétrole dans le foyer  du wahhabisme,  ainsi que   la  doctrine   du « wilayat el faquih »  réunissant   en la personne du guide suprême iranien   l’infaillibilité  dont jouissent les papes avec le pouvoir de César ?  Innovation  contraire à  la tradition islamique et s’apparentant au  céraropapisme instauré par Constantin.
 Des croisades à la prise de Constantinople par les Ottomans, en passant par la Reconquête espagnole, la religion a servi à légitimer les visées hégémoniques réciproques de la chrétienté et de l’islam. Et leur lutte séculaire a été émaillée de guerres qualifiées de « saintes». Chacun des belligérants estimant que Dieu était de son côté. Montaigne disait  toutefois  « qu’une guerre étrangère est un mal bien plus doux qu’une guerre civile ». Les guerres de religions entre protestants et catholiques, comme celles entre chiites et sunnites, ont  ainsi  revêtus un caractère aussi implacable que celles entre musulmans et chrétiens. Ce fut le cas des  guerres de religion qui ont  déchiré l’Europe entre le  XVIe  et le XVIe siècle.  Et en particulier de la guerre de Trente Ans.
La guerre de Trente ans
Plusieurs politologues  évoquent    d’ailleurs  cette  guerre   à  propos de la durée probable de la guerre  entre   la « coalition internationale »  et le   terrorisme islamiste,  et  des guerres civiles à caractère   ethnico- religieux en Syrie et en Irak.   Au  delà d’une  question de durée,  ne peut-on pas  aussi faire  un parallèle entre les causes, la  nature  et les conséquences  de ces  conflits ?   Causée par  la   fracture    politico-religieuse entre  Protestants et catholiques consécutive  à la  Réforme,   la désastreuse guerre de Trente ans  a ravagé l’Allemagne  entre 1618 et 1648.  
Elle a   été déclenchée par le  soulèvement des protestants  tchèques de Bohême   contre la politique  discriminatoire de  Ferdinand II,  souverain du Saint-Empire Romain-germanique.   Ce fut la fameuse défenestration de Prague  suivie d’une répression brutale qui n’est pas s’en rappeler ce qui s’est passé  après les premières manifestations contre le régime syrien. Le conflit se propagea  rapidement  à   toute l’Allemagne  et fut  marqué par des  atrocités et des massacres  indicibles de part et d’autre,  lot commun des  guerres de religion.  Les exactions sont nombreuses même si elles n’ont pas  été filmées comme les horribles égorgements rituels commis par Daech : tortures, exterminations en masse d’innocents, viols, assassinats, etc. Des épisodes comme ceux du sac de Magdebourg ou les atrocités commises au Palatinat et en Franche Comté marquent les esprits pour des décennies, et restent dans la mémoire collective pendant plus d’un siècle, alimentant un cycle infernal de représailles et de vengeance.  
Le conflit  entraîna  l’intervention de  plusieurs Etats étrangers  : l’Espagne aux côtés  des Habsbourg d’Autriche, bras armé  de   la Contre-réforme  catholique,  le Danemark et  la Suède  luthériens ainsi que la France   catholique aux côtés des princes protestants  allemands.  Bien  que combattant les  huguenots  sur son  propre sol, la France  était   prise en étau entre les Habsbourg de Madrid et de Vienne   d’où  ce choix  apparemment paradoxal dicté par  la realpolitik de Richelieu et Mazarin. Avant d’intervenir militairement dans le conflit, elle s’était contentée  au début d’appuyer financièrement  les ennemis  de l’empereur  comme l’ont fait aujourd’hui le Qatar  et l’Arabie Saoudite   pour les  ennemis de Bachar el Assad.   
Les  conséquences politico-religieuses  de la guerre   furent profondes  en Europe.  Elle consacra le principe du   « cujus regio ejus religio » institué par le traité  d’Augsbourg (1555)  en vertu duquel   les sujets sont tenus d’adopter la religion de leur prince. Ce principe avait débouché sur une relative homogénéisation religieuse des Etats européens   qui se  traduisit  par des expulsions  comme celle des huguenots de France a la suite de la révocation de l’édit de Nantes  et des exodes de populations allogènes voire des épurations ethnico-religieuse. Les traités de Westphalie qui mirent fin à la guerre en 1648   consacrèrent  la division religieuse de l’Allemagne, son émiettement politique et l’affaiblissement  du pouvoir impérial. Ils  profitèrent surtout à la France  de Louis XIV dont ils consacrèrent la prépondérance pendant un demi-siècle en Europe. Ils jetèrent aussi les bases d’un système nouveau de relations internationales fondé sur  la pluralité des Etats souverains.  
Les guerres civiles  en Irak et en Syrie
Revêtant le même degré de barbarie que  la guerre de Trente Ans,   les guerres  civiles  en Irak, et en  Syrie ont, comme celle-ci, eut pour causes directes des   politiques discriminatoires  et sectaires.  En l’occurrence celle des régimes syrien et irakien envers les sunnites.   Même si le ressentiment vengeur de ces derniers, s’agissant de l’Irak,  est largement du aux conséquences désastreuses de l’invasion américaine. 
Comme en Allemagne,  les conflits syrien et iraquien  ont  rapidement dépassé  le cadre local.  Leur  implication  sur   le rapport de force  entre les axes chiite et sunnite,  les   risques  de déstabilisation de  la région  et  le danger de terrorisme transnational ont  entraîné l’intervention  des  puissances  occidentales  et  de leurs voisins :   l’Iran   et le Hezbollah aux  côtés  des chiites  et des alaouites,  la Turquie, la Jordanie,  l’Arabie Saoudite et les autres monarchies pétrolières aux  côtés  des sunnites. Cependant  ces derniers, sont   maintenant  contraints  de devoir combattre un double ennemi : le régime  syrien et Daech. C’est le cas en particulier de l’Arabie Saoudite qui, après avoir  financé  et armé  les mouvements jihadistes,  redoute   maintenant  leur  retournement contre elle.  Et  malgré le fondement  wahhabite de l’idéologie de Daech s’est jointe  aux condamnations des  crimes  contre l’humanité perpétrés par l’organisation  qui  n’épargne  pas les musulmans. Tandis que les Etats-Unis ne semblent plus vouloir la chute de Bachar el Assad considéré comme un rempart contre l’islamisme radical. Et vont peut-être signer un accord avec l’Iran qui bouleverserait la scène géopolitique  régionale.   
 Les guerres civiles  en Libye et au Yémen   revêtent  quant à elles pour le moment un  caractère davantage  local. Cela,  bien que la dernière intervention égyptienne en Libye  qui fait figure d’Etat failli préfigure sans doute une internationalisation du conflit dans ce pays.  Et que l’Arabie Saoudite et l’Iran, sans intervenir militairement dans le conflit yéménite,  soutiennent  leurs protégés respectifs : les  Houttis  chiites qui dominent le Nord et les sunnites le Sud, ce qui  peut déboucher sur une division du pays. Un autre parallèle avec la guerre de Trente Ans qui avait brisé  l’unité  politique et religieuse du Saint-Empire romain germanique peut être  fait  concernant la probable   transformation en lâches confédérations   de  l’Irak et de la Syrie ou  leur partition en entités plus ou moins homogènes sur le plan ethnico religieux combinée  avec une possible remise en cause des frontières héritées de l’accord Sykes-Picot.  Les chrétiens  d’Orient dont le nombre se réduit déjà comme peu de chagrin constituant les victimes collatérales de ces développements.  Quand ils ne sont pas visés directement par Daech.         
Malgré  la tourmente que traverse la région, le Liban semble devoir échapper au sort tragique de ses voisins syrien et irakien. Son système de partage communautaire du pouvoir s’est en définitive avéré plus résilient que leurs régimes autoritaires. Et il  représente  sans doute le  modèle de solution politique le plus approprié  pour ces deux pays. La laïcité  formelle que prétendait incarner le Bath syrien et irakien ayant échoué  à  effacer le sentiment d’appartenance communautaire. 
De même que les traités  de Westphalie avaient établis la prépondérance de la France au XVIIe siècle, il  est probable que la balkanisation  du Levant  arabe, ainsi que   le vide de puissance créé par le désengagement  relatif des Etats-Unis  ne conforte l’hégémonie des deux puissances régionales historiques rivales  : l’Iran   dont l’influence s’exerce déjà en Irak, en Syrie  au Liban et au Yémen,  et  la Turquie post-kémaliste,  héritière  de l’Empire ottoman , et  candidate au rôle d’Etat-phare de l’islam sunnite.  Enfin  la résurgence du  conflit  entre les millénarismes chiites et sunnites  dont se réclament les Ayatollahs iraniens et le nouveau « calife » autoproclamé  n’est pas de ceux qui s’effacent  en une génération. Même si Daech venait à être vaincu  militairement, cela ne résoudrait pas pour autant le problème du fanatisme  et du terrorisme islamiste.  Le combat  contre ce fléau se situe  en effet  moins sur les champs de bataille qu’au niveau  politique,  idéologique et de la société.
L’Europe et l’islamisme  radical  
C’est le cas en Europe et en France ou les récents attentats contre Charlie  Hebdo et un hypermarché casher ont soulevés une immense émotion et  suscité d’intenses débats, et d’innombrables commentaires sur les réseaux sociaux, notamment sur les rapports entre les communautés musulmane, juive et chrétienne de France,  ainsi que sur la liberté de la presse. Certaines voix ayant évoqué les limites à ne pas dépasser et déploré l’inutile provocation auquel s’est livrée Charlie Hebdo. La proclamation «  Je suis Charlie »  est en effet  ambigüe et il existe une différence entre appuyer la liberté d’expression, dénoncer la barbarie  et approuver les provocations d’un journal qui exploite la haine des religions. Le Premier ministre israélien, quant à lui, n’a pas manqué d’instrumentaliser  la peur des Français de confession juive pour les inviter à émigrer en Israël.
Les cibles des attentats : un commerce « juif » et des journalistes ayant caricaturé le Prophète , montrent toutefois qu’il s’agit moins d’un problème spécifique à l’Hexagone que  global. Certes, ils ont été perpétrés par des citoyens français. Mais cela ne devrait pas conduire à les expliquer principalement par l’exclusion dont seraient victimes les musulmans français. Ils sont en effet largement liés à d’autres facteurs.   Conflit israélo-arabe à forte dimension religieuse alimentant l’hostilité des musulmans envers les Juifs. Et guerre contre les groupes jihadistes menée par l’Occident dont la France est le fer de lance en Afrique. Ce qui n’a pas empêché le gouvernement français de réaffirmer sa détermination à ne pas renoncer à sa participation à cette nouvelle guerre mondiale, différente de celles qui l’ont précédée.
Du point de vue des gouvernements européens  la lutte contre le terrorisme islamiste a implique de multiples  défis :   trouver  un équilibre entre sécurité et liberté. Pallier au sentiment d’exclusion des populations musulmanes  issues de l’immigration.  Lutter contre la propagande islamiste sur les réseaux sociaux. Et favoriser l’éclosion d’un islam européen   en formant des   prédicateurs locaux et en réglementant les financements étrangers des institutions musulmanes. De  la manière dont l’Europe relèvera ces défis  dépendra en partie la réalisation ou non de la prophétie  du choc des civilisations.
Il existe à ce propos deux modèles différents. Le modèle français de laïcité républicaine  et le communautarisme à l’anglo-saxonne. Alors que  la République française  ne reconnait que les individus et considère que le communautarisme est une idéologie pernicieuse,  en Angleterre une loi interdisant le port du voile islamique  dans les établissements publics  serait impensable. Au nom des libertés, le communautarisme y est au contraire considéré comme un facteur de paix sociale favorisant le vivre-ensemble au sein de la société. Pour ses défenseurs, le modèle anglo-saxon de sécularisation est supposé se prêter mieux au respect des valeurs religieuses et communautaires que la laïcité à la française.  Sans préjuger des mérites  respectifs de ces deux modèles il faut constater   que les pays européens rencontrent  les mêmes  difficultés   à  assurer l’intégration d’une population musulmane  en pleine croissance. Et le Premier ministre britannique lui-même  a reconnu l’échec du modèle communautariste.
Une réforme de l’islam ?
C’est surtout au niveau  du monde  musulman   que se situe l’enjeu  principal de la lutte contre l’islamisme radical. Entreprise   de longue halène  qui commence à  l’école et qui est autant de la responsabilité des chefs politiques que religieux.   Même si les conflits  actuels  sont  moins liés  à tel ou tel verset du Coran qu’ à  des causes  profanes,  ils  soulèvent le problème de la  réforme de l’islam.   Il  se heurte  toutefois à  l’absence d’une autorité religieuse supérieure au sein de l’islam sunnite, telle que celle  des papes  du concile de Trente  (1545-1569)  qui initièrent la Contre-réforme catholique. En dépit de  l’impossibilité  d’une véritable réforme de l’islam,  et face  à  l’obscurantisme wahhabite,  nombre de clercs et d’intellectuels  musulmans libéraux appellent  du moins à   réinterpréter  le Coran et la  jurisprudence, en harmonie avec la déclaration d'al-Azhar de 2012 de faire prévaloir la raison sur l’interprétation littérale des textes.  Savoir si cela contribuera  également   à apaiser la querelle vieille  de quatorze siècles entre chiites et sunnites  est une question qui déborde le cadre de mon propos et  mes compétences et que  je laisse aux islamologues.   
Ibrahim Tabet

Mars 2015 

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