Monday, November 28, 2022

 

Pourquoi je suis agnostique          

 

« Si Dieu a créé l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu ».

Voltaire

 

« Avant le Tout il y avait le Rien

Après le Tout qui aura- t-il ? »

Jean d’Ormesson

 

 

 

 

 

Elevé dans la foi catholique par des parents pratiquants et ayant  fait mes études  primaires  et secondaires dans des écoles religieuses,  j’ai longtemps gardé la foi, et il ne me serait jamais venu à l’esprit de douter de l’existence Sde Dieu, même après n’avoir plus entretenu avec l’église qu’un commerce épisodique ; parfois pour la messe de Noël dont la célébration ne manque pas d’ailleurs de m’émouvoir. Comme la plupart des croyants, je ne me posais pas trop de questions sur les fondements du dogme chrétien et ma méconnaissance de l’islam et des autres religions était presque totale. Puis, les circonstances de la vie et mes lectures m’ont amené devenir agnostique,  posture intellectuelle différente du   matérialisme athée, fondée sur le questionnement. Je pense que spiritualité, morale  et  croyance en Dieu ne sont pas nécessairement liées, ce qui ne m’empêche pas d’être attaché à  mon identité culturelle chrétienne

L’invention des dieux

 

Face aux mystères de l’univers, les hommes,  ne pouvant  se livrer qu’à des conjectures sur ce qui est au delà de leur savoir, inventèrent les dieux.  De l’animisme l’humanité est passé au polythéisme puis  pour « les religions du Livre » au monothéisme. Au cours de la préhistoire est apparue une forme primitive de religiosité sacralisant la nature  et les  rituels de la mort témoignaient de l’idée qu’il existait une vie dans l’au-delà.  Les premières représentations de divinités apparurent il y a seulement dix mille ans à  l’aube du néolithique  Les esprits du  tonnerre des orages ou  de la pluie furent convertis  en divinités sexuées.  Les déesses mères, symboles de fécondité et de fertilité,  précédèrent les dieux.  Certains  historiens des religions pensent qu’il s’agissait à l’origine d’une même Grande Déesse-mère qui fut plus tard appelée Inanna à Sumer, Ishtar à Babylone, Isis en Égypte et Anat par les Cananéens. Les dieux  finirent  par  les supplanter  avec la constitution de sociétés patriarcales.  Apparut  ensuite l’idée  de l’existence d’une divinité suprême mais non exclusive, faisant l’objet d’un culte qualifié de monolâtrie,  étape intermédiaire entre le polythéisme et le monothéisme. Parallèlement à la théogonie (création des divinités)  les religions  de  l’Antiquité avaient  développé des cosmogonies : systèmes mythiques d’explication de la naissance  de l’univers.

  Représentée par le disque solaire, source de vie, la première idée d’un Dieu unique  et exclusif formulée par Akhenaton ne lui survécu pas. Puis,  au bout d’une longue maturation,  les Hébreux se  rallièrent  à  l’idée, développée par une succession de prophètes d’un seul Dieu, à la fois transcendant,  omnipotent,  omniscient,  créateur  de toute chose   et éthique. Le Dieu de Moïse était décrit en termes psychologiques : colérique, content, triste, aimant ou haïssant, un  Dieu  jaloux et guerrier. Ce n’est qu’après le retour de l’exil à Babylone, que les   prophètes tardifs  développèrent  une littérature de sagesse traduisant un questionnement spirituel et brossant  dans les psaumes l’image  d’un Dieu aimant et compatissant, proche du cœur des fidèles.   A l‘époque de l’exode,  Yahvé, tout en exigeant un culte exclusif ne nie pas encore l’existence des autres dieux  et l’idée d’un seul Dieu  ne s’imposa définitivement qu’au VIe siècle avant notre ère,  contrairement à l’assertion de la Bible qui la fait remonter à Abraham. C’est à  la même époque qu’apparut en Perse un autre monothéisme, le Zoroastrisme, adorant un Dieu  unique et éthique, Ahura Mazda,  qui, comme le Dieu de l’Ancien Testament,  protège les fidèles et punit les pécheurs.  La Bible  dont une partie a été rédigée durant l’exil à Babylone  comprend  de nombreux emprunts aux mythes mésopotamiens ainsi qu’au zoroastrisme. Parmi les emprunts théologiques à cette religion figurent le Messie sauveur, les anges, le paradis et l’enfer  et le jugement dernier.

  Il existe des images primordiales communes à toutes les religions : celle  du soleil, de la déesse mère, du  dieu incarné en un être humain, du  dieu qui meurt et qui renait. Marie, « mère de Dieu »  a remplacé dans le christianisme les déesses des religions polythéistes. Certains événements  de la vie de Jésus ressemblent étonnamment à ceux  de divinités mythiques comme sa conception miraculeuse d’une vierge ; sa  résurrection trois jours après sa mort ;  sa naissance le 25 décembre, jour du solstice d’hiver.  Cette date  aurait été fixée dans l'Occident latin, pour coïncider avec la fête romaine du Sol Invictus|. Comme Jésus, Krishna, avatar du dieu Vishnou,   est né d’une  vierge (Devakil) a été baptisé dans un fleuve (le Gange), a effectué des miracles, utilisait des paraboles pour enseigner au peuple l’amour, ressuscita d’entre les morts, monta ciel et fut transfiguré devant ses disciples. Mithra est né selon la légende d’une mère vierge, vint du ciel le 25 décembre pour s’incarner en tant qu’homme. Il était connu comme « Sauveur » et « fils de Dieu », et  avait avec  douze disciples,  il voyagea loin et beaucoup en tant qu’illuminateur des hommes. Il s’éleva des morts, un événement célébré annuellement avec  beaucoup de réjouissances.   

 

  Les grandes religions de l’Antiquité avaient une conception trinitaire de la divinité qui sera reprise par le christianisme. Le dogme chrétien d’un seul Dieu en trois personnes a une analogie avec l’antique doctrine ésotérique de Pythagore pour qui le « UN » et le « TROIS » formant le Tétragramme sacré sont les deux premiers nombres d’or, la clef de voûte de l’univers. Voici ce qu’en dit la théosophie ou sagesse des dieux : « le microcosme homme est, par sa composition ternaire : esprit âme et corps, à l’image du macrocosme univers : monde divin, humain et naturel, qui est lui-même l’organe ineffable de Dieu, lequel est Père, Mère et Fils, essence substance et vie. Une Mère devenue l’Esprit-Saint dans le christianisme. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit des chrétiens c’est Osiris Isis et Horus chez les Égyptiens, Brahma, Shiva et Vishnou chez les hindouistes, Zeus, Déméter et Apollon chez les Grecs. Lesquels ne forment qu’UN pour les grands guides mystiques de l’Antiquité qui considéraient le polythéisme comme la religion du peuple. Pour eux, la multiplicité des dieux ne faisait que symboliser mythiquement les forces cosmiques émanant d’un être suprême dont ils croyaient à l’unicité mais en réservaient l’enseignement à un cercle étroit d’initiés. Dernière religion universelle, l’islam, rejetant la doctrine trinitaire, est revenue au concept de l’unicité absolue de Dieu

 

Jésus  est-il  Dieu ?

  Jésus fera du Dieu  national d’Israël un Dieu d’amour.  Mais il n’a pas voulu abroger la loi juive. C’est  Paul, apôtre  des gentils, qui a fondé   une nouvelle religion de salut universel,  distincte du judaïsme. A l’ancienne alliance entre Dieu  et le peuple élu succède  une nouvelle alliance entre Dieu et  l’ensemble de l’humanité,  fondée  sur la foi en la divinité  du Christ mort et ressuscité pour le salut de l’humanité. Jésus lui-même n’avait  jamais affirmé explicitement qu’il fût Dieu.  A la différence des Évangiles  synoptiques  de Luc, Mathieu, et Marc   Jésus est  désigné indifféremment sous les termes de « Messie, de Fils de l'homme et de Fils de Dieu », celui  plus tardif de saint Jean,  est le seul où sa divinité est  mise dans la bouche du Christ. Jésus y est présenté comme le Verbe fait chair, l’incarnation du logos divin. Concept emprunté à la philosophie grecque, le  logos  est pour Jean  la pensée et la parole de Dieu par laquelle il a créé le monde.   La notion de Verbe qui s’est fait chair- appelée incarnation - va dès lors réorienter toute la réflexion des chrétiens sur l’identité de Jésus.      

Pour l’exégèse moderne  le récit de la naissance merveilleuse et de la  vie du Christ, tel que relaté dans les évangiles canoniques, rédigés bien après sa mort, est  en partie mythique. Et les  miracles comme la résurrection de Lazare ont sans doute été inventés pour les besoins de la cause. Plusieurs  événements de la vie de Jésus  ont été inspirés de symboles astrologiques et  de  mythologies communes aux croyances et aux dieux de l’Antiquité, sa naissance le 25 décembre, jour du solstice d’hiver, accompagné de l’apparition d’une étoile à  l’est sur laquelle se guident les rois mages,   sa conception miraculeuse d’une vierge,  sa    résurrection  trois jours après sa mort, ses douze disciples, nombre  symbolique représentant  entre autres les douze tribus d’Israël. Mais cela n’enlève rien au fait qu’aucun prophète, y compris Bouddha, n’ait enseigné des principes moraux et éthiques aussi élevés et aussi ambitieux et au caractère résolument novateur et universel de son message.

Hérésies et orthodoxie 

Le principe de  l’unicité de Dieu fit qu’entre déclarer que Jésus et le fils de Dieu et affirmer sa divinité, il ya un pas que les premiers chrétiens hésitent à franchir.  Dans  Comment Jésus est devenu Dieu  Frédéric Lenoir explique  comment de la croyance que Jésus est fils de Dieu, on passa à  la croyance qu’il est Dieu fait  homme, puis  au mystère de la trinité.  Les dogmes fondateurs de la doctrine chrétienne n’ont été élaborés par les quatre conciles œcuméniques (Nicée, Constantinople, Ephèse et Chalcédoine) qu’à la suite de longues controverses trinitaires et christologiques. Il a fallu quatre  siècles à l’Église pour proclamer le dogme de la trinité et pour résoudre la question des relations entre Jésus-Christ et Dieu le Père.

Comment a-t-il été engendré par le Père ? Est-il Dieu comme lui et ayant la même substance ? Ou un être divin créé par lui et subordonné à lui, comme le professait l’arianisme ? Les  querelles christologiques  portaient sur la coexistence en Jésus de l’humain et du divin. Est-il d’abord homme ou d’abord  Dieu ?   Le Saint-Esprit procède t’il seulement du Père ou du Père et   du Fils ? La mention « filioque »  demeure, un sujet de controverse entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. Une autre controverse concerne la personne de Marie. Le fait que le Nouveau Testament mentionne que Jésus  avait des frères peut-il remettre en question sa virginité ?  Peut-on  la considérer  comme « la mère de Dieu » ?  Les réponses à ces questions donnèrent lieu à des doctrines  condamnées par l’Eglise catholique.  Certaines firent long feu alors que d’autres ont connu  une audience plus large (comme l’arianisme), ou même subsistent encore aujourd’hui comme le monophysisme et le nestorianisme. Au Ve siècle « l’hérésie »  nestorienne qui veut distinguer en lui l’homme et le fils de Dieu, ainsi que le monophysisme pour qui le Messie a une seule nature, divine, ont fait l’objet d’une double condamnation par le concile de Chalcedoine en 451. Celui-ci réaffirme la doctrine de la coexistence en Jésus de l’humain et du divin « en une seule personne en deux natures  engendrée  par la vierge Marie mère de Dieu ». 

 Les sagesses asiatiques

L’idée du Dieu personnel des trois religions du Livre: « humain, trop humain pour être croyable » selon Nietzsche est absente des sagesses asiatiques. Le Brahman de l’hindouisme est un Absolu impersonnel dont  on ne peut rien savoir et dont le rôle n’est  ni de récompenser ni de punir.  Il se manifeste à travers une d’une multitude de divinités dont la triade suprême formée par Brahma, Vishnou  et Shiva. Autrement plus proche de la  cosmologie moderne que le récit biblique  est,  d’après Hubert Reeves,  la vision hindoue de la formation et de l’évolution de l’univers symbolisée par  le dieu Shiva incarnation de l’éternelle énergie cosmique. Les croyances hindouistes, chinoises et japonaises ne sont pas exclusives comme les religions monothéistes. Elles admettent la pluralité des voies pour atteindre la libération. Bouddha qui  se proclame l’éveillé,  ne se déclare ni prophète d’un Dieu,  ni son envoyé et rejette même l’idée d’un Etre suprême.  

 

Dieu,  la philosophie et la science : questions sans réponses

 

Pourquoi y-a-t-il chose plutôt que rien ? Se demandait Leibnitz. Qui a créé  l’univers ?   Y-a-t-il  une cause première et une fin dernière ? Un dessein cosmique qui aurait une fin éthique ? Ce sont les questions auxquelles tendent de répondre, la gnose (tentative raisonnée de démontrer l’existence de Dieu en se passant des religions révélées), la philosophie,  la métaphysique et  l’ontologie (science de l’Etre). Elle a donné lieu à trois formes de réponses : panthéiste, émergente et théiste. Pour le panthéisme, l’Être suprême n’est autre chose que l’univers. D’après la théorie émergente rien dans l’univers ne prévoit un stade futur, mais une naissance de formes de plus en plus évoluées.  Pour le   théisme,  l’Être suprême est extérieur à l’univers qu’il a crée pour le bien..

La philosophie des Lumières voit l’amorce d’une  critique systématique  de la religion considérée  comme une superstition dépassée, du moins en Europe, qui aurait atteint «  l’âge adulte de l’humanité  » selon l’expression de Kant. C’est aussi la thèse d’Auguste Comte auteur de la loi des trois états selon laquelle l'esprit humain passe successivement par « l'âge théologique », et par « l'âge métaphysique », pour aboutir enfin à « l'âge positif ».  Max Weber a fait de l’histoire de l’Occident moderne celle du « désenchantement du monde », de la sortie du monde magique de la religion. Il souligne l’importance du processus de rationalisation caractérisé par l’effacement de la croyance irrationnelle dans l’action de Dieu dans le monde. Tout en  attaquant  le  théisme  Voltaire, postule  l’existence d’un Grand-Horloger s’apparentant au Grand-Architecte de l’univers  des Francs-maçons. Pour le matérialisme athée, Dieu n’existe pas.  Scientifique et philosophe des Lumière athée, Holbach récuse le théisme comme le déisme.  Hume  réfute l’argument consistant à prouver l’existence de Dieu par l’ordre de l’univers. 

 Au XIXe siècle la religion est qualifiée « d’opium du peuple » par les marxistes. Nietzche proclame « la mort de Dieu ». Hegel  représentant de l’idéalisme  ne croit  pas à l’existence d’un Dieu personnel, mais affirme celle d’un Esprit Absolu connaissable « la raison étant la réalité primordiale de l’univers ».  Au XXe siècle Le la critique philosophique de la religion est poursuivie par des penseurs comme Heidegger qui, dans sa Phénoménologie de la religion, déconstruit les fabrications de  mythes inhérentes aux religions. Cependant certains philosophes, même athées, estiment qu’il existe probablement une intelligence suprême  derrière la création. Pour eux  l’évolution de l’univers, ainsi que la montée de la complexité  qui a finalement  accouché de la conscience, ne saurait être uniquement le fruit du hasard.   

La science, elle, ne s’occupe pas du « pourquoi ? » et n’a rien à dire sur ces questions qui ne relèvent pas de sa compétence mais de la philosophie et de la foi. Cela  n’a pas empêché des scientifiques chrétiens, comme le père Teilhard de Chardin, de tenter de démontrer la compatibilité entre les théories modernes de l’évolution du cosmos et la foi. D’autres penseurs  n’écartent pas le principe anthropique selon lequel l’univers a été conçu dès le départ pour favoriser le développement de la vie et du cerveau humain, au terme d’un long processus de croissance de la complexité. Ils affirment que la constante cosmologique qui accélère le développement de l’espace-temps est trop bien réglée pour être le fruit du hasard, et qu’une intelligence devait nécessairement être impliquée pour produire l’extraordinaire complexité du code génétique inscrit dans l’ADN. Il en est de même de la thèse du dessein intelligent (« Intelligent design ») qui constitue une version pseudo-scientifique du créationnisme. Partant du principe indémontrable que rien ne naît de rien, ils en tirent un argument en faveur de l'existence de Dieu. Pour les tenants de cette thèse, certaines caractéristiques de la nature sont mieux expliquées par une cause intelligente plutôt que par un processus non dirigé tel que la sélection naturelle.

L’accélération du progrès scientifique a profondément changé notre vision du monde. La génétique est entrain de décrypter les codes du vivant. La neurobiologie : les lois physico-chimiques gouvernant l’interaction entre le cerveau et la pensée. La cosmologie est en voie de savoir comment est né notre univers. (Mais pas ce qu’il y avait « avant », s’il retournera au néant après « la brève histoire du temps », et s’il n’y a pas d’autres univers). Elle est en mesure de reconstituer son évolution depuis le Big bang jusqu'à l’homme à travers les lois du hasard et de la nécessité. Dans « Patience dans l’Azur  », Hubert Reeves explique comment l’enchainement des évolutions nucléaire, chimique, biologique et enfin anthropologique, ainsi que la montée de la complexité ont, pour employer les mots, « accouché de la conscience ». La question du rapport entre l’esprit et la matière est entrain d’être élucidée. Pour la science moderne, lumière, énergie, matière et « esprit » ne sont que plusieurs manifestations d’un même principe universel, plusieurs substances d’une même essence. Cette découverte dément le dualisme judéo-chrétien affirmant la séparation entre l’esprit et la matière et donne raison au monisme philosophique. La physique quantique a montré qu’au niveau subatomique, l’univers ressemble plus à une vaste pensée qu’à  une immense machine. Sa réalité fondamentale sous-jacente est  celle d’un champ immatériel doté d’intelligence  et d’une certaine « liberté ». Plus la science progresse, plus se confirme qu’il y a une limite physique au-delà de laquelle notre seule raison est impuissante à expliquer la réalité. Cet effondrement d’un modèle réducteur purement matérialiste et déterministe est une réhabilitation des thèses idéalistes et spiritualistes par la physique moderne.   Les particules élémentaires auraient de ce point de vue une certaine analogie avec les intuitions de la tradition ésotérique,  la notion d’âme du monde de la théosophie et l’Esprit absolu de Hegel.

  Après la phase d’opposition entre la science et la théologie, assistera-t-on à une certaine réconciliation entre ces deux formes de quêtes de la vérité ?  Pour  des philosophes comme Bertrand Russel, il ne faut pas mélanger les genres. Ils ne contestent pas l’existence d’un « antihasard » dans l’univers ainsi que la complexification  graduelle de la matière. Mais cela ne prouve pas à leurs yeux l’existence d’un démiurge créateur du monde et encore moins que celui-ci ne se confonde avec le Dieu bon des trois religions monothéistes. Pour  Stephen Hawkins qui par ailleurs n’exclut pas l’existence de plusieurs univers .le pacte qui voulait que les sciences répondent au «comment», laissant la philosophie et les religions régler le problème du «pourquoi», n'aurait plus de raison d'être, tant la recherche se frotte aujourd'hui à l'essence même de notre monde. Dans son dernier ouvrage : « Y-a-t-il un Grand Architecte de l’Univers »,  il affirme qu’il est inutile d’imaginer un plan, un dessein, un créateur derrière la nature. La science explique bel et bien à elle seule les mystères de l’univers tel qu'on le connaît qui s'est formé à partir de rien. 

 Les progrès de la science font qu’il est difficile de croire aujourd’hui que l’univers et la vie soient nés de la volonté d’un « créateur ».  A supposer que ce soit le cas, la conception hindouiste d’un Absolu impersonnel me parait plus satisfaisante pour l’esprit que celle anthropomorphique du Dieu personnel de  la Bible qui intervient dans les  affaires des hommes. La majorité les  hommes vivent sous l’influence de religions non monothéistes  Tel est le cas de l’hindouisme du  bouddhisme et du shintoïsme. Parmi les planètes habitables de notre galaxie et de l’univers, il existe probablement des extraterrestres intelligents ayant sans leurs  propres religions. Il faut avoir la foi du charbonnier pour croire que Dieu aurait envoyé ses prophètes, le Christ et Mahomet, pour assurer le salut des seuls habitants de notre planète.  Comment croire à la résurrection des corps à  la fin des temps et au jugement dernier ?  À quel moment l’espèce homo a-t-elle été pourvue d’une âme immortelle dont ses ancêtres australopithèques étaient privés ? Après la mort, nos atomes s’éparpillent dans l’univers, pour se réincarner à l’infini, dans d’autres combinaisons, dans d’autres corps, plus ou moins solides, plus ou moins éthérés. La théorie hindouiste de la métempsychose serait-elle pour autant moins invraisemblable que la vision judéo-chrétienne de l’au-delà ? Les atomes sont éternels, mais cela veut-il dire que notre identité survive indéfiniment aux multiples recompositions subies par les particules qui furent notre moi ? Se peut-il qu’il en reste quelques traces ? Que la mémoire de notre bref passage sur terre continue d’habiter telle ou telle particule de matière disséminée dans l’univers, à la manière des fantômes habitant certaines vieilles demeures ?

  Si un Être suprême existe, il est partout, en nous, autour de nous, sur notre minuscule planète et dans les étoiles qui parsèment la voute grandiose de la basilique de l’univers. Là où je me sens le plus proche de « Lui » c’est quand, du haut d’une montagne ou au fond du désert je contemple le ciel dans le silence religieux de la nuit. Nulle part ailleurs la pureté de l’air et l’horizon infini ne permettent de voir scintiller autant d’étoiles. « Au commencement était la Lumière ». Remontant par la pensée au Big bang originel, je me dis que l’homme descend des étoiles et qu’à notre mort les atomes de ce qui fut notre moi se dissoudront dans l’univers et que, poussière galactique, ils  retourneront   à leur origine.

                           

Ibrahim Tabet

-----------------------------------------------

 

 

No comments:

Post a Comment