Sunday, January 9, 2022

 

Pour un nouveau système politique libanais.

La crise que  connaît  le Liban depuis octobre 2019.est   sans doute  la plus grave depuis son indépendance.  Au-delà d’un effondrement économique,  financier et social,  et d’une énième crise politique, il  s’agit d’une crise  institutionnelle  remettant en cause  son système politique.  Force est de constater que  le Liban, dans sa configuration actuelle,  est un Etat failli.  Tandis que   la présence de plus d’un million de réfugiés syriens et palestiniens sur son sol et la volonté du Hezbollah de changer le visage du pays  menacent  son identité même. Autant que son arsenal,  le Hezbollah  tire sa force de la division du camp chrétien,  de  la faiblesse du camp sunnite et de la couverture que lui assure la trahison de Michel Aoun.  Si les dénonciations dont il fait l’objet se font de plus en plus entendre, peu d’initiatives sont prises pour contrer son hégémonie et beaucoup  de ses opposants sont enclins à  céder à son pouvoir d’intimidation.    Pourtant le parti pro-iranien  n’a jamais été aussi isolé sur les scènes internationale et locale, depuis la décision des pays du Golfe de boycotter le Liban et la diatribe violente d’Hassan Nasrallah contre la monarchie saoudienne qui a achevé de dresser contre lui une large frange de l’opinion sunnite  et des partisans du CPL    Quant à  son arsenal, il ne sert à  rien sur la scène locale car toute attaque contre les régions chrétienne, sunnite ou druze se heurterait à  l’armée et serait de toute façon politiquement suicidaire. Enfin les prochaines échéances  électorales, qu’il s’agisse des élections législatives au printemps ou présidentielles à  l’automne prochain ne peuvent que lui être défavorables,  même s’il ne manquera pas, comme il l’a fait dans le passé d’utiliser son pouvoir de blocage.  S’il n’est  question  d’affronter militairement le Hezbollah et que ce dernier ne renoncera jamais à ses armes,  il existe d’autre moyen pour se libérer de son pouvoir de nuisance. D’abord en  réunissant un congrès   en vue de former  une large coalition regroupant tous les partis et les mouvements souverainistes. Ensuite en jetant les bases d’une auto gouvernance des régions échappant à son emprise,    à même de leur assurer certains services publics,  à l’instar de ce qu’il fait lui-même  et de l’état dans l’état qu’il a bâtit   dans les régions chiites.  Cette initiative doit être un premier pas vers l’instauration  d’une large décentralisation  administrative et financière  qui  pourrait s’imposer de facto  au vu de la déliquescence de l’Etat central et des services publics et en cas de blocage de l’élection présidentielle, actant définitivement la faillite du système politique consensuel actuel. Certes la partie chiite est totalement opposée à toute forme de décentralisation, comme l’atteste son projet de faire du Liban une circonscription unique qui masque mal ses ambitions hégémoniques. Mais  c’est le seul moyen de conjurer le spectre du «  grand remplacement »  et d’assurer l’avenir à long terme de la présence chrétienne.  Au vu de l’existence de deux visions incompatibles de la vocation et  de l’identité  du pays et de l’impossibilité des Libanais laissés à  eux-mêmes de s’entendre sur  un nouveau contrat social, on se dirige probablement vers un arbitrage, voire  une tutelle internationale  comme  l’ont été le Règlement organique de 1863 et l’accord   de Taëf de 1990. La forme que prendra le règlement de cette crise véritablement existentielle dépendra  en partie des accords de Vienne sur le nucléaire iranien dont d’aucuns craignent qu’ils  me risquent  de conforter l’influence de Téhéran au Liban.

Ibrahim Tabet     .                                                                             

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