Réflexions sur les attentats de Paris (du 12 septembre 2015 )
Les attentats terroristes visant à
quelques jours d’intervalles un avion de ligne russe, la banlieue sud chiite de Beyrouth et
Paris marquent une escalade dans le
conflit avec Daech. Outre le fait qu’ils
ne peuvent que se situer dans le cadre d’un plan minutieusement préparé visant à semer la
terreur parmi ses ennemis, ils reflètent une capacité de nuisance inquiétante de la part de cette organisation. Ce, au
moment même ou elle subit des revers sur le terrain comme par exemple à Sinjar qui vient d’être reprise par les
Kurdes. Je partage la douleur des
proches des victimes innocente qui sont tombées au dessus du Sinaï, à Beyrouth et à Paris. Mais éprouver de la
compassion pour elles, s’indigner et condamner ces attentats barbares ne suffit
pas. Il faut admettre que nous sommes en guerre. Une guerre d’un nouveau genre
qui ne se déroule pas uniquement sur les champs de bataille mais sur le front
intérieur. Même si Daech venait à être vaincu militairement cela n’éliminerait
pas pourtant l’idéologie pernicieuse dont il se
réclame ni le terrorisme islamiste qui risque au contraire d’être encouragé.
Malheureusement la France est le pays occidental le plus vulnérable face au
terrorisme islamiste. D’une part du fait qu’elle est le pays européen le plus
engagé contre Daech et contre les organisations jihadistes en Afrique. Et
d’autre part du fait de l’existence d’une cinquième colonne au sein de sa
population musulmane même si celle-ci n’est constituée que d’une poignée
d’individus stigmatisés par l’immense majorité des musulmans de France qui ne
peuvent que pâtir de leurs agissement.
Indépendamment du nombre effrayant de
victimes qu’ils ont causé, les derniers
attentats de Paris sont d’une autre nature que ceux
perpétrés contre Charlie Hebdo et un hypermarché casher. Alors que ces deniers visaient
des cibles spécifiques - des
journalistes ayant caricaturé le Prophète et les Juifs - ceux de Vendredi
dernier visent l’ensemble du peuple de
France. Au-delà des causes politiques qui l’ont motivé, ils traduisent aussi de la part des milieux islamistes, une
haine viscérale envers les
Français et les Occidentaux en général qui
ne peut qu’alimenter en retour une
recrudescence de l’islamophobie. Cela
dit il faut reconnaitre que l’Occident porte une part de responsabilité dans l’instrumentalisation de la radicalisation de
la rancœur antioccidentale, voire antichrétienne et antijuive du fait notamment de sa démission sur la question palestinienne
Face à cette véritable déclaration de guerre de
Daech contre la France, aucun
responsable politique ne prône une intervention
militaire au sol en Irak ou en Syrie.
Indépendamment de l’incapacité de l’armée française à l’entreprendre,
même dans le cadre d’une coalition, la responsabilité de combattre Daech incombe en effet d’abord aux sunnites, et toute
autre troupe qu’elle soit formée
d’infidèles occidentaux ou d’hérétiques chiites honnis serait considérée par les populations locales
comme une force d’invasion. Par contre des
voix s’élèvent pour réclamer des changements, aussi
bien au niveau de la politique intérieure que de la politique étrangère
française. Il est probable qu’on assiste à un durcissement de la politique intérieure allant dans le
sens des thèses du Font National. C’est aussi de plus en plus le cas de celles des
« Républicains », quoi que ses dirigeants insistent d’avantage sur le nécessaire équilibre entre
sécurité et respect des libertés publiques. Le fait que parmi les kamikazes des
attentats de vendredi dernier figurent un Français de confession musulmane et
un Syrien faisant partie de l’afflux de réfugiés que connait l’Europe peut
donner raison à ceux qui soulignent les dangers que fait peser
l’immigration musulmane en Europe, non seulement sur ses valeurs mais sur sa sécurité. Sur le plan de la politique
étrangère, la priorité ne doit pas être d’écarter Bachar el-Assad mais de combattre Daech qui est l’ennemi
public numéro un. Reste à savoir si ce changement peut être initié par Laurent
Fabius qui s’est montré plus royaliste que le roi (j’entends les Américains)
sur les dossiers du départ du président
syrien et du nucléaire iranien. Il est temps également que le gouvernement français reconnaisse son erreur dans l’affaire des
Mistral et se rapproche de la Russie qui est d’avantage un allié naturel que l’Arabie Saoudite et le Qatar qui soutiennent
le fondamentalisme sunnite et les groupes jihadistes. Enfin les medias français devraient cesser de diaboliser Vladimir Poutine.
Ibrahim Tabet
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