Monday, November 28, 2022

 

Pourquoi je suis agnostique          

 

« Si Dieu a créé l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu ».

Voltaire

 

« Avant le Tout il y avait le Rien

Après le Tout qui aura- t-il ? »

Jean d’Ormesson

 

 

 

 

 

Elevé dans la foi catholique par des parents pratiquants et ayant  fait mes études  primaires  et secondaires dans des écoles religieuses,  j’ai longtemps gardé la foi, et il ne me serait jamais venu à l’esprit de douter de l’existence Sde Dieu, même après n’avoir plus entretenu avec l’église qu’un commerce épisodique ; parfois pour la messe de Noël dont la célébration ne manque pas d’ailleurs de m’émouvoir. Comme la plupart des croyants, je ne me posais pas trop de questions sur les fondements du dogme chrétien et ma méconnaissance de l’islam et des autres religions était presque totale. Puis, les circonstances de la vie et mes lectures m’ont amené devenir agnostique,  posture intellectuelle différente du   matérialisme athée, fondée sur le questionnement. Je pense que spiritualité, morale  et  croyance en Dieu ne sont pas nécessairement liées, ce qui ne m’empêche pas d’être attaché à  mon identité culturelle chrétienne

L’invention des dieux

 

Face aux mystères de l’univers, les hommes,  ne pouvant  se livrer qu’à des conjectures sur ce qui est au delà de leur savoir, inventèrent les dieux.  De l’animisme l’humanité est passé au polythéisme puis  pour « les religions du Livre » au monothéisme. Au cours de la préhistoire est apparue une forme primitive de religiosité sacralisant la nature  et les  rituels de la mort témoignaient de l’idée qu’il existait une vie dans l’au-delà.  Les premières représentations de divinités apparurent il y a seulement dix mille ans à  l’aube du néolithique  Les esprits du  tonnerre des orages ou  de la pluie furent convertis  en divinités sexuées.  Les déesses mères, symboles de fécondité et de fertilité,  précédèrent les dieux.  Certains  historiens des religions pensent qu’il s’agissait à l’origine d’une même Grande Déesse-mère qui fut plus tard appelée Inanna à Sumer, Ishtar à Babylone, Isis en Égypte et Anat par les Cananéens. Les dieux  finirent  par  les supplanter  avec la constitution de sociétés patriarcales.  Apparut  ensuite l’idée  de l’existence d’une divinité suprême mais non exclusive, faisant l’objet d’un culte qualifié de monolâtrie,  étape intermédiaire entre le polythéisme et le monothéisme. Parallèlement à la théogonie (création des divinités)  les religions  de  l’Antiquité avaient  développé des cosmogonies : systèmes mythiques d’explication de la naissance  de l’univers.

  Représentée par le disque solaire, source de vie, la première idée d’un Dieu unique  et exclusif formulée par Akhenaton ne lui survécu pas. Puis,  au bout d’une longue maturation,  les Hébreux se  rallièrent  à  l’idée, développée par une succession de prophètes d’un seul Dieu, à la fois transcendant,  omnipotent,  omniscient,  créateur  de toute chose   et éthique. Le Dieu de Moïse était décrit en termes psychologiques : colérique, content, triste, aimant ou haïssant, un  Dieu  jaloux et guerrier. Ce n’est qu’après le retour de l’exil à Babylone, que les   prophètes tardifs  développèrent  une littérature de sagesse traduisant un questionnement spirituel et brossant  dans les psaumes l’image  d’un Dieu aimant et compatissant, proche du cœur des fidèles.   A l‘époque de l’exode,  Yahvé, tout en exigeant un culte exclusif ne nie pas encore l’existence des autres dieux  et l’idée d’un seul Dieu  ne s’imposa définitivement qu’au VIe siècle avant notre ère,  contrairement à l’assertion de la Bible qui la fait remonter à Abraham. C’est à  la même époque qu’apparut en Perse un autre monothéisme, le Zoroastrisme, adorant un Dieu  unique et éthique, Ahura Mazda,  qui, comme le Dieu de l’Ancien Testament,  protège les fidèles et punit les pécheurs.  La Bible  dont une partie a été rédigée durant l’exil à Babylone  comprend  de nombreux emprunts aux mythes mésopotamiens ainsi qu’au zoroastrisme. Parmi les emprunts théologiques à cette religion figurent le Messie sauveur, les anges, le paradis et l’enfer  et le jugement dernier.

  Il existe des images primordiales communes à toutes les religions : celle  du soleil, de la déesse mère, du  dieu incarné en un être humain, du  dieu qui meurt et qui renait. Marie, « mère de Dieu »  a remplacé dans le christianisme les déesses des religions polythéistes. Certains événements  de la vie de Jésus ressemblent étonnamment à ceux  de divinités mythiques comme sa conception miraculeuse d’une vierge ; sa  résurrection trois jours après sa mort ;  sa naissance le 25 décembre, jour du solstice d’hiver.  Cette date  aurait été fixée dans l'Occident latin, pour coïncider avec la fête romaine du Sol Invictus|. Comme Jésus, Krishna, avatar du dieu Vishnou,   est né d’une  vierge (Devakil) a été baptisé dans un fleuve (le Gange), a effectué des miracles, utilisait des paraboles pour enseigner au peuple l’amour, ressuscita d’entre les morts, monta ciel et fut transfiguré devant ses disciples. Mithra est né selon la légende d’une mère vierge, vint du ciel le 25 décembre pour s’incarner en tant qu’homme. Il était connu comme « Sauveur » et « fils de Dieu », et  avait avec  douze disciples,  il voyagea loin et beaucoup en tant qu’illuminateur des hommes. Il s’éleva des morts, un événement célébré annuellement avec  beaucoup de réjouissances.   

 

  Les grandes religions de l’Antiquité avaient une conception trinitaire de la divinité qui sera reprise par le christianisme. Le dogme chrétien d’un seul Dieu en trois personnes a une analogie avec l’antique doctrine ésotérique de Pythagore pour qui le « UN » et le « TROIS » formant le Tétragramme sacré sont les deux premiers nombres d’or, la clef de voûte de l’univers. Voici ce qu’en dit la théosophie ou sagesse des dieux : « le microcosme homme est, par sa composition ternaire : esprit âme et corps, à l’image du macrocosme univers : monde divin, humain et naturel, qui est lui-même l’organe ineffable de Dieu, lequel est Père, Mère et Fils, essence substance et vie. Une Mère devenue l’Esprit-Saint dans le christianisme. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit des chrétiens c’est Osiris Isis et Horus chez les Égyptiens, Brahma, Shiva et Vishnou chez les hindouistes, Zeus, Déméter et Apollon chez les Grecs. Lesquels ne forment qu’UN pour les grands guides mystiques de l’Antiquité qui considéraient le polythéisme comme la religion du peuple. Pour eux, la multiplicité des dieux ne faisait que symboliser mythiquement les forces cosmiques émanant d’un être suprême dont ils croyaient à l’unicité mais en réservaient l’enseignement à un cercle étroit d’initiés. Dernière religion universelle, l’islam, rejetant la doctrine trinitaire, est revenue au concept de l’unicité absolue de Dieu

 

Jésus  est-il  Dieu ?

  Jésus fera du Dieu  national d’Israël un Dieu d’amour.  Mais il n’a pas voulu abroger la loi juive. C’est  Paul, apôtre  des gentils, qui a fondé   une nouvelle religion de salut universel,  distincte du judaïsme. A l’ancienne alliance entre Dieu  et le peuple élu succède  une nouvelle alliance entre Dieu et  l’ensemble de l’humanité,  fondée  sur la foi en la divinité  du Christ mort et ressuscité pour le salut de l’humanité. Jésus lui-même n’avait  jamais affirmé explicitement qu’il fût Dieu.  A la différence des Évangiles  synoptiques  de Luc, Mathieu, et Marc   Jésus est  désigné indifféremment sous les termes de « Messie, de Fils de l'homme et de Fils de Dieu », celui  plus tardif de saint Jean,  est le seul où sa divinité est  mise dans la bouche du Christ. Jésus y est présenté comme le Verbe fait chair, l’incarnation du logos divin. Concept emprunté à la philosophie grecque, le  logos  est pour Jean  la pensée et la parole de Dieu par laquelle il a créé le monde.   La notion de Verbe qui s’est fait chair- appelée incarnation - va dès lors réorienter toute la réflexion des chrétiens sur l’identité de Jésus.      

Pour l’exégèse moderne  le récit de la naissance merveilleuse et de la  vie du Christ, tel que relaté dans les évangiles canoniques, rédigés bien après sa mort, est  en partie mythique. Et les  miracles comme la résurrection de Lazare ont sans doute été inventés pour les besoins de la cause. Plusieurs  événements de la vie de Jésus  ont été inspirés de symboles astrologiques et  de  mythologies communes aux croyances et aux dieux de l’Antiquité, sa naissance le 25 décembre, jour du solstice d’hiver, accompagné de l’apparition d’une étoile à  l’est sur laquelle se guident les rois mages,   sa conception miraculeuse d’une vierge,  sa    résurrection  trois jours après sa mort, ses douze disciples, nombre  symbolique représentant  entre autres les douze tribus d’Israël. Mais cela n’enlève rien au fait qu’aucun prophète, y compris Bouddha, n’ait enseigné des principes moraux et éthiques aussi élevés et aussi ambitieux et au caractère résolument novateur et universel de son message.

Hérésies et orthodoxie 

Le principe de  l’unicité de Dieu fit qu’entre déclarer que Jésus et le fils de Dieu et affirmer sa divinité, il ya un pas que les premiers chrétiens hésitent à franchir.  Dans  Comment Jésus est devenu Dieu  Frédéric Lenoir explique  comment de la croyance que Jésus est fils de Dieu, on passa à  la croyance qu’il est Dieu fait  homme, puis  au mystère de la trinité.  Les dogmes fondateurs de la doctrine chrétienne n’ont été élaborés par les quatre conciles œcuméniques (Nicée, Constantinople, Ephèse et Chalcédoine) qu’à la suite de longues controverses trinitaires et christologiques. Il a fallu quatre  siècles à l’Église pour proclamer le dogme de la trinité et pour résoudre la question des relations entre Jésus-Christ et Dieu le Père.

Comment a-t-il été engendré par le Père ? Est-il Dieu comme lui et ayant la même substance ? Ou un être divin créé par lui et subordonné à lui, comme le professait l’arianisme ? Les  querelles christologiques  portaient sur la coexistence en Jésus de l’humain et du divin. Est-il d’abord homme ou d’abord  Dieu ?   Le Saint-Esprit procède t’il seulement du Père ou du Père et   du Fils ? La mention « filioque »  demeure, un sujet de controverse entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. Une autre controverse concerne la personne de Marie. Le fait que le Nouveau Testament mentionne que Jésus  avait des frères peut-il remettre en question sa virginité ?  Peut-on  la considérer  comme « la mère de Dieu » ?  Les réponses à ces questions donnèrent lieu à des doctrines  condamnées par l’Eglise catholique.  Certaines firent long feu alors que d’autres ont connu  une audience plus large (comme l’arianisme), ou même subsistent encore aujourd’hui comme le monophysisme et le nestorianisme. Au Ve siècle « l’hérésie »  nestorienne qui veut distinguer en lui l’homme et le fils de Dieu, ainsi que le monophysisme pour qui le Messie a une seule nature, divine, ont fait l’objet d’une double condamnation par le concile de Chalcedoine en 451. Celui-ci réaffirme la doctrine de la coexistence en Jésus de l’humain et du divin « en une seule personne en deux natures  engendrée  par la vierge Marie mère de Dieu ». 

 Les sagesses asiatiques

L’idée du Dieu personnel des trois religions du Livre: « humain, trop humain pour être croyable » selon Nietzsche est absente des sagesses asiatiques. Le Brahman de l’hindouisme est un Absolu impersonnel dont  on ne peut rien savoir et dont le rôle n’est  ni de récompenser ni de punir.  Il se manifeste à travers une d’une multitude de divinités dont la triade suprême formée par Brahma, Vishnou  et Shiva. Autrement plus proche de la  cosmologie moderne que le récit biblique  est,  d’après Hubert Reeves,  la vision hindoue de la formation et de l’évolution de l’univers symbolisée par  le dieu Shiva incarnation de l’éternelle énergie cosmique. Les croyances hindouistes, chinoises et japonaises ne sont pas exclusives comme les religions monothéistes. Elles admettent la pluralité des voies pour atteindre la libération. Bouddha qui  se proclame l’éveillé,  ne se déclare ni prophète d’un Dieu,  ni son envoyé et rejette même l’idée d’un Etre suprême.  

 

Dieu,  la philosophie et la science : questions sans réponses

 

Pourquoi y-a-t-il chose plutôt que rien ? Se demandait Leibnitz. Qui a créé  l’univers ?   Y-a-t-il  une cause première et une fin dernière ? Un dessein cosmique qui aurait une fin éthique ? Ce sont les questions auxquelles tendent de répondre, la gnose (tentative raisonnée de démontrer l’existence de Dieu en se passant des religions révélées), la philosophie,  la métaphysique et  l’ontologie (science de l’Etre). Elle a donné lieu à trois formes de réponses : panthéiste, émergente et théiste. Pour le panthéisme, l’Être suprême n’est autre chose que l’univers. D’après la théorie émergente rien dans l’univers ne prévoit un stade futur, mais une naissance de formes de plus en plus évoluées.  Pour le   théisme,  l’Être suprême est extérieur à l’univers qu’il a crée pour le bien..

La philosophie des Lumières voit l’amorce d’une  critique systématique  de la religion considérée  comme une superstition dépassée, du moins en Europe, qui aurait atteint «  l’âge adulte de l’humanité  » selon l’expression de Kant. C’est aussi la thèse d’Auguste Comte auteur de la loi des trois états selon laquelle l'esprit humain passe successivement par « l'âge théologique », et par « l'âge métaphysique », pour aboutir enfin à « l'âge positif ».  Max Weber a fait de l’histoire de l’Occident moderne celle du « désenchantement du monde », de la sortie du monde magique de la religion. Il souligne l’importance du processus de rationalisation caractérisé par l’effacement de la croyance irrationnelle dans l’action de Dieu dans le monde. Tout en  attaquant  le  théisme  Voltaire, postule  l’existence d’un Grand-Horloger s’apparentant au Grand-Architecte de l’univers  des Francs-maçons. Pour le matérialisme athée, Dieu n’existe pas.  Scientifique et philosophe des Lumière athée, Holbach récuse le théisme comme le déisme.  Hume  réfute l’argument consistant à prouver l’existence de Dieu par l’ordre de l’univers. 

 Au XIXe siècle la religion est qualifiée « d’opium du peuple » par les marxistes. Nietzche proclame « la mort de Dieu ». Hegel  représentant de l’idéalisme  ne croit  pas à l’existence d’un Dieu personnel, mais affirme celle d’un Esprit Absolu connaissable « la raison étant la réalité primordiale de l’univers ».  Au XXe siècle Le la critique philosophique de la religion est poursuivie par des penseurs comme Heidegger qui, dans sa Phénoménologie de la religion, déconstruit les fabrications de  mythes inhérentes aux religions. Cependant certains philosophes, même athées, estiment qu’il existe probablement une intelligence suprême  derrière la création. Pour eux  l’évolution de l’univers, ainsi que la montée de la complexité  qui a finalement  accouché de la conscience, ne saurait être uniquement le fruit du hasard.   

La science, elle, ne s’occupe pas du « pourquoi ? » et n’a rien à dire sur ces questions qui ne relèvent pas de sa compétence mais de la philosophie et de la foi. Cela  n’a pas empêché des scientifiques chrétiens, comme le père Teilhard de Chardin, de tenter de démontrer la compatibilité entre les théories modernes de l’évolution du cosmos et la foi. D’autres penseurs  n’écartent pas le principe anthropique selon lequel l’univers a été conçu dès le départ pour favoriser le développement de la vie et du cerveau humain, au terme d’un long processus de croissance de la complexité. Ils affirment que la constante cosmologique qui accélère le développement de l’espace-temps est trop bien réglée pour être le fruit du hasard, et qu’une intelligence devait nécessairement être impliquée pour produire l’extraordinaire complexité du code génétique inscrit dans l’ADN. Il en est de même de la thèse du dessein intelligent (« Intelligent design ») qui constitue une version pseudo-scientifique du créationnisme. Partant du principe indémontrable que rien ne naît de rien, ils en tirent un argument en faveur de l'existence de Dieu. Pour les tenants de cette thèse, certaines caractéristiques de la nature sont mieux expliquées par une cause intelligente plutôt que par un processus non dirigé tel que la sélection naturelle.

L’accélération du progrès scientifique a profondément changé notre vision du monde. La génétique est entrain de décrypter les codes du vivant. La neurobiologie : les lois physico-chimiques gouvernant l’interaction entre le cerveau et la pensée. La cosmologie est en voie de savoir comment est né notre univers. (Mais pas ce qu’il y avait « avant », s’il retournera au néant après « la brève histoire du temps », et s’il n’y a pas d’autres univers). Elle est en mesure de reconstituer son évolution depuis le Big bang jusqu'à l’homme à travers les lois du hasard et de la nécessité. Dans « Patience dans l’Azur  », Hubert Reeves explique comment l’enchainement des évolutions nucléaire, chimique, biologique et enfin anthropologique, ainsi que la montée de la complexité ont, pour employer les mots, « accouché de la conscience ». La question du rapport entre l’esprit et la matière est entrain d’être élucidée. Pour la science moderne, lumière, énergie, matière et « esprit » ne sont que plusieurs manifestations d’un même principe universel, plusieurs substances d’une même essence. Cette découverte dément le dualisme judéo-chrétien affirmant la séparation entre l’esprit et la matière et donne raison au monisme philosophique. La physique quantique a montré qu’au niveau subatomique, l’univers ressemble plus à une vaste pensée qu’à  une immense machine. Sa réalité fondamentale sous-jacente est  celle d’un champ immatériel doté d’intelligence  et d’une certaine « liberté ». Plus la science progresse, plus se confirme qu’il y a une limite physique au-delà de laquelle notre seule raison est impuissante à expliquer la réalité. Cet effondrement d’un modèle réducteur purement matérialiste et déterministe est une réhabilitation des thèses idéalistes et spiritualistes par la physique moderne.   Les particules élémentaires auraient de ce point de vue une certaine analogie avec les intuitions de la tradition ésotérique,  la notion d’âme du monde de la théosophie et l’Esprit absolu de Hegel.

  Après la phase d’opposition entre la science et la théologie, assistera-t-on à une certaine réconciliation entre ces deux formes de quêtes de la vérité ?  Pour  des philosophes comme Bertrand Russel, il ne faut pas mélanger les genres. Ils ne contestent pas l’existence d’un « antihasard » dans l’univers ainsi que la complexification  graduelle de la matière. Mais cela ne prouve pas à leurs yeux l’existence d’un démiurge créateur du monde et encore moins que celui-ci ne se confonde avec le Dieu bon des trois religions monothéistes. Pour  Stephen Hawkins qui par ailleurs n’exclut pas l’existence de plusieurs univers .le pacte qui voulait que les sciences répondent au «comment», laissant la philosophie et les religions régler le problème du «pourquoi», n'aurait plus de raison d'être, tant la recherche se frotte aujourd'hui à l'essence même de notre monde. Dans son dernier ouvrage : « Y-a-t-il un Grand Architecte de l’Univers »,  il affirme qu’il est inutile d’imaginer un plan, un dessein, un créateur derrière la nature. La science explique bel et bien à elle seule les mystères de l’univers tel qu'on le connaît qui s'est formé à partir de rien. 

 Les progrès de la science font qu’il est difficile de croire aujourd’hui que l’univers et la vie soient nés de la volonté d’un « créateur ».  A supposer que ce soit le cas, la conception hindouiste d’un Absolu impersonnel me parait plus satisfaisante pour l’esprit que celle anthropomorphique du Dieu personnel de  la Bible qui intervient dans les  affaires des hommes. La majorité les  hommes vivent sous l’influence de religions non monothéistes  Tel est le cas de l’hindouisme du  bouddhisme et du shintoïsme. Parmi les planètes habitables de notre galaxie et de l’univers, il existe probablement des extraterrestres intelligents ayant sans leurs  propres religions. Il faut avoir la foi du charbonnier pour croire que Dieu aurait envoyé ses prophètes, le Christ et Mahomet, pour assurer le salut des seuls habitants de notre planète.  Comment croire à la résurrection des corps à  la fin des temps et au jugement dernier ?  À quel moment l’espèce homo a-t-elle été pourvue d’une âme immortelle dont ses ancêtres australopithèques étaient privés ? Après la mort, nos atomes s’éparpillent dans l’univers, pour se réincarner à l’infini, dans d’autres combinaisons, dans d’autres corps, plus ou moins solides, plus ou moins éthérés. La théorie hindouiste de la métempsychose serait-elle pour autant moins invraisemblable que la vision judéo-chrétienne de l’au-delà ? Les atomes sont éternels, mais cela veut-il dire que notre identité survive indéfiniment aux multiples recompositions subies par les particules qui furent notre moi ? Se peut-il qu’il en reste quelques traces ? Que la mémoire de notre bref passage sur terre continue d’habiter telle ou telle particule de matière disséminée dans l’univers, à la manière des fantômes habitant certaines vieilles demeures ?

  Si un Être suprême existe, il est partout, en nous, autour de nous, sur notre minuscule planète et dans les étoiles qui parsèment la voute grandiose de la basilique de l’univers. Là où je me sens le plus proche de « Lui » c’est quand, du haut d’une montagne ou au fond du désert je contemple le ciel dans le silence religieux de la nuit. Nulle part ailleurs la pureté de l’air et l’horizon infini ne permettent de voir scintiller autant d’étoiles. « Au commencement était la Lumière ». Remontant par la pensée au Big bang originel, je me dis que l’homme descend des étoiles et qu’à notre mort les atomes de ce qui fut notre moi se dissoudront dans l’univers et que, poussière galactique, ils  retourneront   à leur origine.

                           

Ibrahim Tabet

-----------------------------------------------

 

 


 

Le crépuscule d’un monde et le naufrage du Liban

    Ce livre est un recueil actualisé des articles que j’ai écrits sur l’histoire contemporaine, les questions de  société  et le fait religieux.  Né il y a trois-quarts de siècle, le soir de ma vie s’accompagne du crépuscule de mon monde. Libanais et Français de nationalités et de cœur, il m’a été donné d’assister au naufrage du Liban et  d’éprouver le sentiment de déclin de la France. Citoyen d’un monde menacé par un désastre écologique, le bilan catastrophique de la pandémie du coronavirus illustre à mes yeux « l’insoutenable légèreté » de la condition humaine et de notre civilisation postmoderne. Est-il concevable que, malgré les progrès de la médecine, nous soyons réduits à nous calfeutrer chez nous pour prévenir la propagation de la maladie ? Que resurgissent les grandes peurs, comme celles que provoquait la peste au Moyen âge ? Grandeur et misère de la condition humaine ! Les dieux ont-ils voulu punir les hommes d'avoir voulu les égaler après les avoir mis à mort ? Je doute que le transhumanisme qui croit que les progrès de la biologie et de l’intelligence artificielle fabriqueront un post-humain aux capacités supérieures à celles des êtres actuels  créera « le meilleur des mondes ».

    Attaché à mon identité culturelle chrétienne bien qu’agnostique, j’observe avec tristesse l’inexorable érosion de la présence chrétienne en Orient et avec effroi la menace de la  montée de l’islamisme radical sur la région et le monde. Un monde désenchanté par le déclin des idéologies profanes et le crépuscule de Dieu en Europe contraste avec son retour vengeur au sein de l’islam, accréditant la thèse du choc des civilisations.

   […] Comme les individus, des pays peuvent changer de visage sans changer de nom. C’est le cas du Liban d’antan dont j’ai fait mon deuil. Trente ans après la fin de la guerre du Liban (1975-1990), l’hégémonie du Hezbollah,  la venue au pouvoir d’une classe politique corrompue et la mauvaise gouvernance ont provoqué l’effondrement  du pays, dont la situation est encore plus désespérée que durant ces quinze années de braise. Et, comble de malheur ! Une explosion cataclysmique au port de Beyrouth, le 4 août 2020, a dévasté le cœur de la ville faisant plus de 200 morts s’ajoutant aux victimes du Covid 19. Je ne pense pas que ma génération verra le bout du tunnel, mais me console en me disant que mes fils et mes petits-enfants vivent en Europe loin de ce paradis perdu que fut le pays des Cèdres.  

    […]  J’ai eu la chance de vivre en France durant la décennie  où le général de Gaulle était revenu aux affaires et présidait aux destinées du pays. Cette grande époque  et les trente glorieuses où  la France  jouissait du plein emploi appartiennent à  un passé révolu.  Tandis que la montée du séparatisme musulman et le mouvement des Gilets jaunes révèlent la profondeur des clivages de la société française.

    […] L’essor et le déclin des civilisations, des empires et des nations est une constante historique. L’Europe occidentale n’atteignit le niveau de développement qui était le sien avant les invasions  barbares de l’Empire romain d’Occident qu’à la Renaissance. Et après avoir dominé le monde au XIXe siècle, elle est aujourd’hui en déclin. La chronique annoncée  du déclin de l’Occident est un thème récurent et ses nouveaux cassandres dénoncent l’anémie des valeurs fondatrices de la civilisation occidentale. C’est le cas d’Éric Zemmour qui dans « Le suicide françai », analyse la perte de valeurs qui caractérise la France depuis mai 68. Et de Michel Onfray qui dans « Décadence », retrace la naissance, la croissance puis la sénescence de la civilisation judéo-chrétienne.       Le relativisme culturel et moral, la théorie du genre et la légalisation du mariage pour tous, bien que pouvant passer pour des signes d’humanisme et de tolérance, sapent en réalité les fondations de la société. On dirait que le complexe de supériorité de « l’homme blanc » a fait place aujourd’hui à un sentiment de honte envers lui-même et son histoire. La dénonciation du colonialisme de l’antisémitisme et de l’islamophobie versant parfois dans un sentiment de repentance et de culpabilisation.

   Les grandes idéologies laïques (nationalisme, libéralisme, socialisme, communisme) dont la naissance a autrefois été favorisée par « la mort de Dieu » sont moribondes ou, comme le communisme, ont rejoint Dieu dans la tombe, créant un vide de sens au sein de la société de consommation occidentale.  Tandis que l’européisme, victime du désamour de beaucoup de citoyens européens envers l’Union européenne, peine à être une idéologie de remplacement

    […] La crise de l’Union européenne est infiniment moins grave que celle du monde arabe en proie à  la régression culturelle causée par le cancer islamiste et  partagé en sphères d’influence entre les États-Unis, la Russie, et les héritiers des deux grands empires historiques de la région : l’Iran et la Turquie. Parallèlement à la réislamisation de la Turquie, le « nouveau  sultan », Recep Tayyip Erdogan, veut rétablir l’influence de son pays au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sur des terres qui firent jadis partie de l’Empire ottoman. Et la République islamique, héritière de l’ancien Empire perse dont elle a repris à son compte les ambitions hégémoniques, s’emploie à constituer un arc chiite s’étendant de l’Iran au Liban en passant par l’Irak et la Syrie. Tandis qu’Israël est le principal bénéficiaire de la dislocation du monde arabe  et de son impuissance.

   Un chapitre du livre est  consacré au sort de la Syrie envers qui j’éprouve des sentiments ambivalents. Je me sens proche de son peuple et compatis aux souffrances qu’il endure depuis 2011, année de l’éclatement de la guerre civile et étrangère qui y fait encore rage. Mais j’en veux à son régime qualifié « d’Etat de barbarie » par Michel Seurat pour son rôle négatif au Liban et les horreurs perpétrées contre sa propre population.

    L’émergence de l’islamisme présente beaucoup de similitude avec le communisme et le nazisme : même nature totalitaire et pouvoir de mobilisation d’autant plus grand qu’il se réfère à la sacralité du Coran. L’instrumentalisation par l’islamisme d’un levier encore plus puissant que les idéologies laïques,  celui de la religion, laisse craindre qu’il ne mette encore plus de temps à être vaincu que le communisme  et qu’on  ne découvre pas de si tôt un vaccin contre ce mal. Si le monstre Daech a été écrasé militairement cela n’a pas pour autant mis fin aux attentats terroristes.  

    […] Alors que les riverains  de la « mare nostrum » romaine faisaient partie d’une même civilisation les Européens  la voient comme une voie de passage de flux migratoires indésirables, voire de terrorisme. Dans l’Antiquité la Méditerranée était le centre du monde, puis celui-ci, franchissant l’Atlantique, s’est déplacé de l'Europe aux États-Unis et est en passe de traverser le Pacifique vers la Chine qui va bientôt retrouver le rang de première économie mondiale qu’elle occupait jusqu’au XVIIIe siècle, méritant à nouveau son nom « d'Empire du Milieu ». Cette montée en puissance n’est pas sans inquiéter l’Occident. Surtout les États-Unis qui craignent de perdre le statut d’unique superpuissance mondiale qui est le leur depuis la chute de l’URSS et considèrent de plus en plus la Chine comme leur principal adversaire avant la Russie.

Sunday, January 9, 2022

 

 

                                                     

Pour une renaissance Française

  Justifié ou non, il existe aujourd’hui un sentiment de déclin de la France. Partagé par  une frange de l’opinion ainsi que des personnalités politiques et des intellectuels  comme Marine Le Pen, Philippe de Villiers, Michel Onfray ou Éric Zemmour, il se traduit par la progression de ce dernier dans les sondages, une droitisation de l’électorat et l’écho rencontré par les chantres du souverainisme et du conservatisme moral représenté par « La Manif pour tous ». Amplement relayé sur les réseaux  sociaux,  il a fait l’objet de nombreux ouvrages et articles, dont un dossier dans « Le Point » ayant pour titre de couverture : « Peut-on (encore) éviter le déclin ?1 ». A l’heure où l’on commémore le cinquantième anniversaire de la disparition du général de Gaulle, les années où,  pénétré du sentiment de la grandeur de la France, il présidait au destin du pays et les trente glorieuses ne sont plus qu’un lointain souvenir. Oubliée egalement l’époque il pouvait affirmer : «  La République est laïque, mais la France est chrétienne ».

  La France traverse depuis des années une crise multiforme, économique, sociale, sociétale et morale. Elle s’exprime de différentes manières: Qu’il s’agisse  du recul de l’autorité de l’État et au sein de la famille et de l’école. De l’existence de zones de  non-droit. Du problème de l’immigration africaine et maghrébine qui a dépassé le  seuil de tolérance. De la désindustrialisation entraînant  un chômage structurel. Du  décrochage économique de la France par rapport à l’Allemagne et aux pays du nord de l’Europe, causé en partie par le poids excessif des dépenses publiques. Enfin du « séparatisme musulman » (euphémisme forgé  par Emmanuel Macron) et du  mouvement des Gilets jaunes qui révèlent la profondeur des clivages de la société française.  Le modèle social français est à bout de souffle. D’un côté, les inégalités de richesse se creusent de plus en plus, entraînant  un sentiment de déclassement de  la part de beaucoup de  Français  appartenant aux classes moyennes et populaires et aux régions périphériques ; de l’autre, une mentalité d’assisté leur ayant valu d’être qualifiés de « Gaulois réfractaires » par Emanuel Macron entrave toute velléité de réforme de l’État providence.

 

  La chronique annoncée par Oswald Spengler du déclin de l’Occident est un thème récurrent et ses nouveaux cassandres dénoncent l’anémie des valeurs fondatrices de la civilisation occidentale. C’est le cas de Michel Onfray qui, dans Décadence2, retrace la naissance, la croissance puis la sénescence de la civilisation judéo-chrétienne, décrit le relâchement moral affligeant l’Occident et prédit un sombre avenir à la France et à l’Europe. Et d’Éric Zemmour qui, dans Le suicide français3, analyse la perte de valeurs qui caractérise la France depuis mai 68, stigmatise l’islamo-gauchisme et,  surfant sur la crainte du péril islamiste et du « grand remplacement » prédit que la France risque de connaitre le sort du Liban.

 

 

Désenchantement et relativisme culturel et moral

 

  Les grandes idéologies laïques de salut ici-bas (nationalisme, libéralisme, socialisme, communisme) dont la naissance a autrefois été favorisée par « la mort de Dieu » sont moribondes ou, comme le communisme, ont rejoint Dieu dans la tombe, créant un vide de sens au sein de la société de consommation occidentale.  Le relativisme culturel et moral, la théorie du genre et la légalisation du mariage pour tous, bien que pouvant passer pour des signes d’humanisme et de tolérance, sapent en réalité les fondations de la société occidentale. « Nous ne sommes pas, d’après Onfray, devant une négation critique des valeurs établies mais devant leur dissolution dans une indifférence passive4 ». 

   Le désenchantement à l’égard des idéologies et le déclin du nationalisme, ou plutôt l’apparition en Europe d’un nationalisme apaisé qui  s’inscrit dans « l’air du temps »  se caractérise par le relativisme où, parmi ses manifestations, aucune hiérarchie n’est maintenant admise entre les cultures. Où ce n’est plus son héritage et son identité que l’Europe met en avant, ce sont ses valeurs de respect, de tolérance et d’ouverture, au risque de voir les fondements de sa civilisation menacés par les migrants. Et où la dénonciation du colonialisme, de l’antisémitisme et de l’islamophobie verse parfois dans un sentiment de repentance et de culpabilisation.

   On dirait que le complexe de supériorité de « l’homme blanc » a fait place aujourd’hui à un sentiment de honte envers lui-même et son histoire. J’en veux pour exemples la déclaration d’Emmanuel Macron en visite en Algérie selon laquelle « la colonisation est un « crime contre l’humanité »  et son intention de « déconstruire l’histoire de France » !  On peut se demander si  ce syndrome d’auto-flagellation et de repentance envers son héritage historique et son passé colonial est un signe de bonne santé morale

  Le vide de sens et l’effondrement de la morale religieuse au sein des sociétés libérales postmodernes se traduisent par un individualisme, un hédonisme, une permissivité et un matérialisme qui exercent un effet corrosif sur les valeurs qui fondaient la vie familiale et en société. Pour le courant philosophique déconstructiviste, toute norme sociale est construite, la loi naturelle n’existe pas. Puisque tout est construit et qu’il n’y a ni bien ni mal, aucune barrière ne se justifie devant les pulsions du désir. Cette idéologie a prospéré dans le nihilisme consumériste qui a donné naissance à la théorie du genre et à la légalisation de l’avortement, mesure fondamentale qui a fissuré la famille et défini le bonheur individuel comme norme absolue. Le PACS fut le second coup porté à la famille, avant le mariage homosexuel, la PMA et bientôt la GPA. L’on peut se demander si des lois comme celle légalisant l’adoption d’enfants par des couples du même sexe constituent une avancée des libertés ou une dérive libertaire. Pour Philippe de Villiers : « l’autorité, l’identité, la souveraineté se sont écroulés. La cancel culture, le radicalisme, l’indigénisme désignent une colonisation de peuplement avec un différentiel démographique défavorable et une colonisation des esprits5. »   .   

 

Le virus du communautarisme

 

 Alors que la République française considère que le communautarisme est une idéologie pernicieuse et  ne reconnaît que les individus, elle se heurte de plus en plus à des revendications particularistes de la part de milieux islamistes gagnés par la propagande salafiste, contraignant certains édiles à la « soumission » à leurs exigences.  Certains d’entre eux  allant même jusqu'à bannir les symboles chrétiens des espaces et des lieux publics. Alors  que le modèle français a réussi à assimiler les vagues successives d’immigrés chrétiens  ou  d’origine européenne partageant les mêmes valeurs, il peine à le faire avec les musulmans. Bien qu’une majorité d’entre eux se soit intégrée, une partie, surtout parmi la jeunesse des banlieues, s’estimant défavorisée, ne l’est pas, ou plutôt refuse de l’être. Des communes de certains départements ont été ainsi qualifiées de « territoires perdus de la République ». Des bandes de casseurs expriment leurs frustrations et leur rancœur envers l’ancienne puissance coloniale en saccageant des commerces et en brûlant des voitures.  L’image de la profanation de l’Arc de triomphe par des Black-box lors des manifestations des Gilets jaunes a choqué le monde. Et la France est le pays européen le plus visé par  le terrorisme islamiste. Ce défi sociétal, doublé d’une menace sécuritaire a fait l’objet de nombreuses mises en garde et a été décrit dans un ouvrage intitulé « Vers la libanisation de la France6 »  

 

La voie d’une renaissance

  Malgré cette crise multiforme et en dépit du discours décliniste,  les Français jouissent d’une qualité de vie et surtout d’une protection sociale enviables, même comparées aux autres pays développés. Ce qu’exprime la boutade selon laquelle « ils se croient en enfer alors qu’ils vivent au paradis ». Le rayonnement culturel de la France dépasse les frontières du  monde francophone. Disposant d’un siège permanent au  Conseil de sécurité de l’ONU et du feu nucléaire, elle reste une puissance moyenne de premier plan, sans doute la première après les États-Unis, la Chine et la Russie ;  en tout cas celle qui fait preuve de plus d’activisme en politique extérieure.

  Elle risque toutefois de perdre son rang faute de réformes structurelles, économiques et sociales, parmi lesquelles la réhabilitation de la valeur travail, prônée par Nicolas Sarkozy et  minée par l’instauration des 35 heures  par la Gauche. Surtout  faute d’une  véritable renaissance morale et culturelle. Malgré la part de vérité du diagnostic d’un Éric Zemmour sur le « mal français » et le problème de l’immigration, cette  renaissance ne saurait passer par une adhésion à ses thèses racialistes et xénophobes. Elle devrait être fondée sur les valeurs universalistes héritées des Lumières dont s’inspirent celles de « La Renaissance française ». Association fondée en 1915 par Raymond Poincaré dans l’atmosphère patriotique de la Grande guerre et ayant pour  mission  de défendre et de  promouvoir la langue et la culture française et les valeurs de la francophonie, elle a un rôle naturel à jouer dans ce combat culturel.           

 

Ibrahim Tabet